
L’heureux réveil de la Sémiramis de Destouches
Trois cents ans après, un opéra oublié de Destouches renaît dans la nef d’Ambronay : un coup de maître.
La musique, d’une invention qui surpasse la Callirhoé de 1712, confirme que Destouches fut un tout grand maître : apparat français mais charme mélodique (le récitatif tourne souvent à l’arioso), palette allant de l’imprécation terrassante à la mort quasi silencieuse de Sémiramis, continuité entre les scènes ou au sein des séquences chorales (la chaconne du I !). Préparé conjointement par Sylvain Sartre (qui dirige) et la violiste Margaux Blanchard, l’ensemble Les Ombres jouait pour la première fois en formation étendue (dix-huit musiciens plus les percussions souveraines de Marie-Ange Petit). Pari magnifiquement gagné, par la noblesse du geste jusque dans les danses, la sensualité des timbres, l’assise harmonique, enfin par une conduite jamais hâtive ni étroite.