Vers la fin du 18e siècle, Mozart est en route pour Paris et séjourne à Mannheim. Il se lie d’amitié avec Johann Baptist Wendling, flûtiste et compositeur. C’est grâce à son intermédiaire que le jeune compositeur autrichien obtient une commande de plusieurs œuvres de la part d’un flûtiste amateur, Ferdinand Dejean lui aussi de passage. Mozart composera entre autres les quatuors pour flûte en ré et en do majeur. Dans cette œuvre, la flûte s’impose comme instrument soliste dans une écriture concertante. Entre des mouvements galants caractéristiques du goût de l’époque, Mozart offre dans le quatuor en ré, chose rare, un magnifique Adagio en si mineur, où la flûte peut laisser exprimer une mélodie pleine d’intensité accompagnée par une guitare reconstituée par les cordes en pizzicato.
Mozart arrivera à Paris en 1778. François Devienne est alors célèbre dans les théâtres de la ville pour ses ouvrages lyriques. Membre fondateur du conservatoire supérieur de musique de Paris, Devienne est aussi un talentueux flûtiste et compositeur, travailleur infatigable ayant beaucoup écrit pour la formation de chambre. Nous ne savons pas si les deux musiciens se sont rencontrés, mais le style brillant et le sens de la mélodie du compositeur français est souvent comparé à son homologue autrichien.
Dans son quatuor pour flûte en si mineur, Devienne, choisi lui aussi de mettre en avant son instrument fétiche, la flûte à une clé. Les cordes et la flûte alternent des moments d’accompagnement malicieux, des dialogues galants et des ambiances en clairs obscurs.